La dernière semaine sur Katmandou s’est avérée chargée. Malgré une météo capricieuse qui nous a ralenti, nous avons fini tous nos tests sur la Sheetpress et assuré la continuité de la production après notre départ. En effet, un protocole permettant de produire 2 plaques par jour a pu être établi et un ouvrier de l’usine a été formé pour effectuer la production. Dans ce même temps, nous avons trouvé un arrangement avec Sadhan, le boss de l’usine, afin de protéger la machine de la pluie pendant cette phase. Nous laissons donc la machine entre les mains de Madindra et de Sadhan pour le bon déroulement de la production.
Voilà maintenant 2 semaines et demi que nous sommes tous réunis à Pangboche! Bien que l’équipe soit au complet, on ne peut pas dire que tout se passe comme prévu…
Les différentes autorisations administratives nous mènent la vie dure hélas. Elles arrivent au fur et à mesure, et à l’heure actuelle nous les avons presque toutes : le SPCC à officialisé son partenariat avec notre centre et le maire de la région à donné son consentement pour la construction.
Il ne manque plus que l’autorisation du parc national : sans cette dernière, impossible de commencer le chantier. Les travaux sur la parcelle sont donc au point mort. Le projet prend du retard.
En attendant on s’occupe comme on peut ! Un peu de rédaction des futurs rapports d’activité, préparation de la collecte de déchets, quelques randonnées autour de Pangboche… il y a pire comme village pour patienter !
Côté ingénieurs, nous avons enchainé les rendez-vous sur Kathmandu: d’abord à l’ambassade française pour présenter le projet puis visite de l’unique Fablab au Népal. Leur atelier de recyclage de plastique comprend une polyfloss (création de fibre pour l’isolation), une petite sheetpress et une extrudeuse. Le rôle du FabLab est d’approfondir les recherches sur le sujet et d’aider des starts up dans ce domaine à se developper au Népal. Ils sont aussi venus nous rendre visite à l’usine pour échanger sur nos travaux respectifs!
D’où vient le plastique que nous utilisons pour nos tests?
A l’usine, nous rencontrons de nombreux ingénieurs, certains ont développés des solutions de recyclage du plastique: nous avons eu l’occasion de visiter une ancienne usine (qui a fait faillite après le covid) et qui a construit une extrudeuse et d’autres machines de recyclages: le plastique est lavé, broyé puis extrudé pour en faire des palettes, il était ensuite revendu et réutilisé pour faire des tuyaux par exemple. Il leur reste 200 à 300kg de plastique broyé que nous récupérons pour nos tests.
Très concernés par la pollution plastique, ils nous ont expliqué que malgré tous leurs effort, un des problèmes majeur reste les plastiques avec de l’aluminum et les étiquettes, qui se sont accumulés derrière l’usine et qu’ils brulent au fur et à mesure… Au Népal, la réalité est que tous les déchets sont jetés aux abords des rivières et finissent dans l’eau, libérant des odeurs nauséabondes, polluant les eaux et les sols…
Broyeur
Extrudeuse
L’avenir de la Sheetpress: Après plus d’un mois de tests et beaucoup de réparations sur la machine, le protocole d’utilisation est sur le point d’être fini et nous pris la décision de laisser la machine à Kathmandu et non de l’amener dans notre centre à Pangboche. Pourquoi? Les principales raisons sont: l’électricité disponible au village est très limitée (consommation de la Sheetpress de 9kW) et la nécessité d’une maintenance importante, que nous ne pouvons pas apporter à 4000m d’altitude.
A quoi va t-elle servir? Comme prévu, nous allons réaliser la production de plaques pour les parois et bardage du bâtiment à Kathmandu. Nous allons partager nos recherches et nombreux tests, détaillés dans un rapport technique, aux différents acteurs du recyclage rencontrés.
Une fois la production finie, la machine restera à Kathmandu et sera utilisée par Madindra Aryal, ingénieur népalais, qui, depuis la construction de la machine, nous apporte une aide précieuse et connait son fonctionnement. Il a pour objectif de construire des meubles avec.
Quelques nouvelles du khumbu et des architectes ! Depuis 2 semaines nous voilà séparé de nos comparses ingénieurs! Que se passe t’il dans les montagnes ?
Lundi 4, nous sommes partis de (très) bon matin dans une jeep direction la vallée du Khumbu et notre site de projet. Le trajet a tout d’une aventure ! Sac sur le toit, 10 passagers à bord, et c’est partit pour 2 jours de route. Le premier s’est déroulé tranquillement sur les routes de montagnes népalaises qui nous ont amené jusqu’à Phaplu, dernier village avant la fin de la route (littéralement). Le deuxième jour s’est donc déroulé sur les chemins!
Quelques passages hors Jeep pour pousser, traverser des rivières ou laisser refroidir l’embrayage et nous voilà à Paiyan, terminus. A partir de là nous avons attaqué la marche. D’abord jusqu’à Lukla le soir même où nous avons finis à la frontale. Puis Namche le lendemain. les sacs étant chargés de matériel complètement absurde pour un trek, tel qu’un ordinateur et des rouleaux de plans, les journées de marche sont fatigantes mais agréables dans ces montagnes magnifiques. Encore 2 jours de marche et nous voilà arrivés à Pangboche, chez Nuru!
Changement de parcelle La semaine est ensuite passée très vite. D’abord une reconnaissance sur nos nouveaux sites potentiels proposés par le SPCC. Bien que proches du chemin de trek, ces derniers sont clairement bien moins facile à construire. Dans la pente, encombré de rocher, cela ne va pas être facile de terrasser tout cela.
Quand bien même il faut s’adapter, alors nous reprenons nos plans pour trouver une nouvelle implantation au projet sur un site moins pentu que les autres.
Parcelle du futur bâtiment
Entre relevé plus ou moins précis, et réunion avec l’atelier dhunga, nous rencontrons les organisations du village qui renouvellent leurs soutient pour l’obtention du nouveau terrain. C’est également le temps des discussions avec l’électricien concernant l’alimentation du chantier.
Encore beaucoup de question restent en suspens mais petit à petit nous avançons. Tant que les questions administratives ne sont pas réglées à Katmandou, impossible d’avoir des workers et d’acheminer les matériaux sur le terrain. Bien que le temps file, ce temps est finalement utile pour recaler le bâtiment comme il faut. Nous préparons un maximum la suite pour qu’une fois le chantier démarré tous les sujets soient au point.
Du côté de la sheetpress, après 3 semaines à tester différents paramètres: température, temps de chauffe, huile,…nous avons réussi à obtenir des plaques d’une qualité très satisfaisante en réduisant de plus en plus le temps de production, nous avons même pu tester, avec succès, un système de refroidissement hors de la machine qui va nous permettre de gagner encore plus de temps et de pouvoir produire 3 plaques par jour.
Les architectes sont venus nous rendre visite à l’usine pour tester les plaques en les découpant et créant les premier prototypes de parois et bardage!
Petite frayeur lors du test numéro 10, une fois l’avoir enfournée et mis en tension le cric, un client de passage s’est amusé à pomper un coup supplémentaire ce qui a eu pour effet immédiat de rompre les barres transversales de la machine… Heureusement grâce aux ouvriers de l’usine, elle a pu être réparée et consolidée en moins de 2h !
La machine à injection, elle, fonctionne toujours aussi bien ! Nous avons pu sortir plus de 30 yacks depuis sa réception.
Mercredi nous aurions dû rencontrer à nouveau le président du SPCC pour officialiser certains points de notre partenariat, mais ce dernier a dû annuler au dernier moment pour se rendre dans le Khumbu … Nous le rencontrerons la semaine prochaine. L’objectif étant d’intégrer leur plan de gestion des déchets avec notre centre de tri et recyclage.
Enfin nous nous sommes rendu à l’entreprise Moware et avons rencontré Eva Villardón Grande, General Manager. Elle fabrique toutes sortes d’objets en plastique recyclé et notamment ceux de Sagarmatha Next, avec une machine à injection, cet échange nous a été très utile.
Les papiers administratifs/légaux prennent plus de temps que prévu mais c’est essentiel pour la durabilité du projet. Lucas et Laurène partent lundi direction Pangboche et Arthur, Pierre et Clémence déménagent à Khokana à quelques mètres de l’usine pour commencer la production de plaques de 1m x 1m pour le batiment.
Nous avons ensuite réalisé des tests avec du PP. Les résultats ne sont pas encore ceux attendus, il reste de nombreuses bulles à éliminer. Nous reprendrons ces tests plus tard; préférant débuter la production de plaques de bonne qualité pour leur utilisation dans le centre de recyclage.
Cette semaine fut ponctuée de réussites du côté des machines ! Les tests se sont enchaînés avec les résultats enfin attendus. Le protocole final d’utilisation de la sheetpress s’affine, et nous avons pu sortir plusieurs plaques de PE de qualité très satisfaisante.
La machine à injection est bien rodée, nous aussi, et la production de Yaks destinés au partenaires se poursuit.
En fin de semaine, nous avons rencontré des organisations locales (Sagarmatha Next et KEEP) dans le but de consolider nos liens. Fort de son expérience sur la question des déchets dans le Khumbu, Tommy nous a donné des conseils très pertinents pour notre projet.
Une semaine capitale de notre côté aussi ! La “journée réunion” de la semaine dernière s’était terminée sur une entrevue avec un ingénieur népalais de la construction. Ce rendez-vous n’était pas sans conséquence pour nous. Il nous a expliqué une série de documents que nous devions produire pour avoir des autorisations officielles des autorités pour construire. Petit coup au moral pour nous, qui pensions que le côté administratif était réglé. Mais pas de temps à perdre, alors nous nous sommes plongées dans ce qui constitue sans doute une autorisation de construire népalaise.
Au programme de notre semaine donc, un dossier avec tous nos plans, coupes, et élévations à produire. De l’aspect global du bâtiment, aux moindres détails d’assemblages, tout devait être dessiné et annoté rigoureusement. Mais ce n’était pas tout… Un second dossier devait être préparé sur le budget de la construction. Plus compliqué, ce dernier nous a obligés à plonger dans des tableaux Excel interminables, qu’il nous a fallu traduire et décortiquer petit à petit pour comprendre comment fonctionnait ce système de budget népalais. Il nous fallait utiliser des prix bloqués par le gouvernement, qui diffère des prix du marché auquel nous étions confrontés jusque-là. Une nouvelle manière de compter et d’estimer en somme.
Une semaine bien chargée, mais qui s’est finie en même temps que les documents qui sont désormais prêts à être envoyés aux autorités. On peut désormais se retourner vers le concret et le début du chantier, qui va désormais arriver vite (du moins, si tout va bien).
Maintenant que nous avons pris nos marques dans la capitale, rien (ou presque) ne peut arrêter le projet !
Dimanche, nous nous sommes rendus dans le quartier industriel de Kathmandou, Patan, pour visiter quelques usines. L’objectif était double: trouver un fournisseur de plaques d’aluminium pour la sheetpress, et se réapprovisionner en plastique PP broyé en plus petit
Pour le plastique c’est plus compliqué. Notre fournisseur historique ne produit plus de PP, et le seul qui peut nous en vendre fait du neuf et pas de recyclé.
Heureusement, notre ange gardien moustachu veille sur nous. Le lendemain, le boss de l’usine où nous travaillons nous apporte des sacs de PP, broyés en petits copeaux. C’est l’idéal pour nos machines et de bon augure pour les résultats des futurs tests.
Nous avons aussitôt pu lancer une production de Yaks, qui sont bien plus réussis que les précédents. Les réglages sont finis et nous allons lancer une petite production pour les sponsors et soutiens du projet. Les ouvriers de l’usine ont déjà les leurs !
La semaine a été interrompue par une journée riche en réunion: rencontre avec le directeur du SPCC (organisme local de collecte des déchets) pour établir les termes de notre collaboration; entrevue avec ShilShila Acharya et Prakash Bharati pour échanger sur leur engagement dans la collecte des plastiques; puis retour chez Namgyal pour faire valider le design du bâtiment par un ingénieur agréé du gouvernement.
Du coté de la sheetpress, les résultats avec les nouvelles plaques d’aluminium et l’huile de silicone ne sont pas très concluants…La plaque reste très collée et difficile à retirer. On est maintenant bien équipés en matériel, il en reste plus qu’à multiplier les tests pour trouver les paramètres adaptés à notre machine!
Arrivée à Katmandoude Laurène, Lucas, Arthur et Clémence
31/01/2024
Pierre nous a rejoint le lendemain et nous sommes allés manger avec Namgyal, sa femme et son fils, Madindra, Nuru et Passang de Pangboche.
01/02->09/02
Cela fait plus de 10 jours que nous sommes arrivés à Katmandou et il est temps de vous tenir au courant de l’avancée du projet. Pour rappel, notre travail au cours de ce premier mois dans la capitale népalaise a 2 objectifs principaux :
Se réapproprier la sheet press, produire des plaques pour le bâtiment et réceptionner la machine à injection, pour l’équipe Ingénieur
Rencontrer les fournisseurs népalais afin de terminer les commandes des matériaux de construction du centre, pour l’équipe Architecte
Après 2 jours d’acclimatation à la vie sur place, chaque équipe a pu commencer son travail. Le moins qu’on puisse dire c’est que tout ne s’est pas passé comme prévu.
C’est une sheet press bien fatiguée que nous avons récupéré dans une nouvelle factory au Sud de la ville. Après un coup de peinture anti rouille et un état des lieux, les électriciens sont venus nous prêter main forte pour re-cabler certaines parties de la machine, et changer quelques heaters et cables dysfonctionnels. Ce travail nous a occupé une bonne partie de la semaine.
Après avoir longuement nettoyé et poncé les plaques en acier/ aluminium de la machine, nous avons réalisé 2 plaques de plastiques de 60cm de coté. Même après avoir changé de moule, le résultat n’est pas très satisfaisant: très difficile à retirer, fuites et trous. Au programme de la semaine prochaine, trouver de nouvelles plaques et un autre lubrifiant…
En parallèle, nous avons réceptionné la machine à injection, qui est arrivée plus vite que prévu ! Nous avons pu faire notre premier Yack jeudi !
Du côté de l’équipe des architectes, les journées sont également bien remplies. L’objectif de notre temps sur Katmandou est double : finaliser les commandes de matériaux et finir les dessins de détails techniques du bâtiment. Il est primordial de boucler tous ces 2 dossiers avant de partir à Pangboche puisqu’une fois le confort de Katmandou derrière nous, il sera plus difficile d’organiser des réunions, contacter les fournisseurs etc…
Notre première semaine a donc été consacrée à valider le quantitatif de matériaux que nous devons nous procurer à Katmandou. Bien qu’ayant tout fait pour limiter leur utilisation (aussi bien à cause de l’impact carbone même des matériaux que leur transport en hélicoptère), des matériaux obligatoires comme la tôle, les ferraillages ou encore la tuyauterie ne peuvent être fabriqués dans la vallée du Khumbu. Le reste des matériaux (la pierre et le bois) vient du village même de Pangboche ou de celui juste en dessous.
Notre semaine s’est donc partagée entre des temps de conception à l’auberge de jeunesse et des temps de visite chez le fournisseur. Plusieurs réunions ont eu lieu avec Nuru pour se mettre d’accord sur les systèmes constructifs employés. Des détails simples comme une gouttière en France deviennent très techniques dans le khumbu à cause des conditions climatiques. Il faut donc s’adapter en fonction, comprendre les systèmes des locaux, et savoir quand se faire confiance. Heureusement les artisans qui vont nous aider sur place savent apparemment tout faire, on compte beaucoup sur eux.
Ces temps d’échange autour de la construction ont été fructueux et très intéressants malgré la barrière de la langue. 2 Visites dans l’entrepôt, des bases en anglais, quelques mimes et plans ont permis de se mettre d’accord et c’est désormais un devis qui n’attend plus qu’une signature pour valider cette étape.
En parallèle, et comme depuis 6 mois, les membres de l’Atelier Dhunga, nous suivent depuis la France avec des réunions, presque quotidiennes désormais, pour revoir et peaufiner chaque aspect du futur chantier. Les sujets sont de plus en plus précis, la moindre section de bois est dimensionnée, le moindre morceau de ferraillage est questionné. Au menu de la semaine : les plans de ferraillage, le drain de fondation, la finition de sol, l’économie de ciment, etc. On sent que l’on touche au but de la conception et qu’il est temps de passer sur le terrain. Encore quelques détails, l’attente de meilleures conditions en montagne et nous pourrons partir sur site !